un pas de plus vers une enquête de la Cpi
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo demande l'autorisation d'enquêter sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en Côte d'Ivoire. La requête formelle à ce sujet a été présentée jeudi aux juges de la CPI.
Dans un communiqué publié mercredi, le bureau du procureur précisait avoir déjà recueilli des informations concernant de possibles crimes commis après la présidentielle du 28 novembre 2010 auprès des deux parties impliquées dans le conflit, mais aussi d'organisations non gouvernementales locales et internationales, de la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) et d'une commission internationale mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Si les juges devaient accéder à la demande du procureur Moreno-Ocampo, ce serait la première fois qu'une enquête est déclenchée à la demande d'un État qui n'a pas signé le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI.
Un processus en cour depuis des mois
Le président Alassane Ouattara avait déjà accepté et confirmé la compétence de la Cour en Côte d'Ivoire en décembre 2010.
Il n'a cependant pas été en mesure d'exercer le pouvoir avant que le président sortant, Laurent Gbagbo, soit arrêté dans sa résidence d'Abidjan, le 11 avril dernier.
Dans une lettre datée du 3 mai, le président Ouattara avait demandé au procureur de la CPI d'enquêter sur les « crimes les plus graves » commis après la présidentielle.
Début avril, M. Moreno-Ocampo avait annoncé son intention de demander l'autorisation d'ouvrir une enquête sur des « massacres commis de façon systématique ou généralisée » en Côte d'Ivoire...(...)...
Le gouvernement ivoirien a fait savoir mardi qu'une délégation du bureau du procureur se rendra en Côte d'Ivoire du 27 juin au 4 juillet, afin « d'évaluer la situation avant d'envoyer les enquêteurs officiels ».
Si les preuves recueillies lors de cette éventuelle enquête étaient jugées suffisantes, le procureur pourrait demander aux juges des citations à comparaître ou des mandats d'arrêt contre les présumés auteurs de ces crimes.
Le communiqué du bureau du procureur souligne qu'un examen de la situation dans le pays avait été entrepris le 1er octobre 2003, dans la foulée des troubles qui ont mené à la division de facto du pays entre le Nord et le Sud.
Des rapports troublants
Le 10 juin dernier, un rapport publié par Conseil des droits de l'homme de l'ONU concluait que certains actes perpétrés en Côte d'Ivoire après la présidentielle pourraient constituer des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre.
Amnistie Internationale a aussi affirmé dans un rapport publié en mai que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis par les deux camps après la présidentielle. L'organisme dénonçait notamment des exécutions sur la base de critères ethniques ou d'affiliations politiques réelles ou présumées, et des actes de violence sexuelle à l'endroit de femmes et d'adolescentes.
Les violences postélectorales en Côte d'Ivoire ont fait environ 3000 morts et plus d'un million de personnes déplacées.
Le cauchemar continue en Côte d’Ivoire
Les comptes-rendus hebdomadaires de l’Onuci sont toujours aussi inquiétants : en une semaine, les forces militaires pro-Ouattara se sont rendus responsables d’une flopée d’exactions allant de l’arrestation arbitraire à l’exécution sommaire. Les FRCI ont également affronté des gendarmes en plein Abidjan. Un règlement de comptes qui a coûté la vie à une jeune femme hier.
Des FRCI patrouillent dans Abidjan au coeur des combats du mois d'avril.
Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) se sont rendues responsables de« nombreuses violations des droits de l’Homme » a déclaré ce matin Guillaume Ngefa, directeur de la division droits de l’Homme à l’Onuci. Les forces fidèles au président Alassane Ouattara seraient impliqués dans sept incidents rien que sur la semaine passée. 30 personnes auraient été arrêtées arbitrairement et huit auraient été tuées sans autre forme de procès. Certains individus auraient été maltraités et torturés.
Les violences sont loin d’avoir quitté Abidjan malgré l’arrestation de Laurent Gbagbo. Hier, des FRCI ont arrêté un gendarme et ont commencé à le battre en pleine rue dans le quartier de Yopougon. L’altercation a dégénéré, des soldats échangeant des tirs avec les gendarmes à proximité de la caserne. Une jeune femme de 22 ans a été tuée, touchée par une balle perdue. Une partie de la caserne a été pillée par des FRCI qui auraient causé de « nombreux dégats matériels » selon une source onusienne citée par l’AFP.
Les tensions entre les fidèles du président Ouattara et ceux de l’ancien président Gbagbo persistent depuis la fin des combats en avril dernier. L’Onuci a annoncé la venue à la fin du mois d’une équipe du Tribunal pénal international (TPI) de La Haye. Les enquêteurs devront ressortir du chaos ambiant le maximum d’informations sur les nombreuses exactions commises par les deux camps depuis le début de l’année. Des centaines de femmes ont été violées, des dizaines de personnes tuées et des fosses communes sont régulièrement retrouvées. L’Onuci s’inquiète également des menaces et des pressions qui pèsent sur les sympathisants de l’ancien chef d’Etat.
Les combats ont été d’une telle intensité ces derniers jours que des roquettes auraient été tirées ces derniers jours. Les casques bleus, soutenus par des hélicoptères de la force Licorne auraient été déployés entre les belligérants, révélait un journaliste de Jeune Afrique résidant à Abidjan. Les Nations unies ont confirmé que les FRCI avaient fait usage de fusils d’assaut AK-47, de mortier de 40mm et de lance-roquettes, probablement des RPG-7, même s’ils cherchaient en général à impressionner leurs adversaires.
Guillaume Ngefa suggérait ce matin que les FRCI soient sorties de la capitale économique. La sécurité urbaine devrait reposer sur les épaules des troupes formées à cette mission, à savoir la police et la gendarmerie. La proximité entre les anciens ennemis est un facteur de crise au quotidien : le camp de la brigade anti-émeute où sont stationnés une partie des FRCI se situe à quelques dizaines de mètres de la caserne de la gendarmerie.
Des FRCI patrouillent dans Abidjan au coeur des combats du mois d'avril.
Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) se sont rendues responsables de« nombreuses violations des droits de l’Homme » a déclaré ce matin Guillaume Ngefa, directeur de la division droits de l’Homme à l’Onuci. Les forces fidèles au président Alassane Ouattara seraient impliqués dans sept incidents rien que sur la semaine passée. 30 personnes auraient été arrêtées arbitrairement et huit auraient été tuées sans autre forme de procès. Certains individus auraient été maltraités et torturés.
Les violences sont loin d’avoir quitté Abidjan malgré l’arrestation de Laurent Gbagbo. Hier, des FRCI ont arrêté un gendarme et ont commencé à le battre en pleine rue dans le quartier de Yopougon. L’altercation a dégénéré, des soldats échangeant des tirs avec les gendarmes à proximité de la caserne. Une jeune femme de 22 ans a été tuée, touchée par une balle perdue. Une partie de la caserne a été pillée par des FRCI qui auraient causé de « nombreux dégats matériels » selon une source onusienne citée par l’AFP.
Les tensions entre les fidèles du président Ouattara et ceux de l’ancien président Gbagbo persistent depuis la fin des combats en avril dernier. L’Onuci a annoncé la venue à la fin du mois d’une équipe du Tribunal pénal international (TPI) de La Haye. Les enquêteurs devront ressortir du chaos ambiant le maximum d’informations sur les nombreuses exactions commises par les deux camps depuis le début de l’année. Des centaines de femmes ont été violées, des dizaines de personnes tuées et des fosses communes sont régulièrement retrouvées. L’Onuci s’inquiète également des menaces et des pressions qui pèsent sur les sympathisants de l’ancien chef d’Etat.
Les combats ont été d’une telle intensité ces derniers jours que des roquettes auraient été tirées ces derniers jours. Les casques bleus, soutenus par des hélicoptères de la force Licorne auraient été déployés entre les belligérants, révélait un journaliste de Jeune Afrique résidant à Abidjan. Les Nations unies ont confirmé que les FRCI avaient fait usage de fusils d’assaut AK-47, de mortier de 40mm et de lance-roquettes, probablement des RPG-7, même s’ils cherchaient en général à impressionner leurs adversaires.
Guillaume Ngefa suggérait ce matin que les FRCI soient sorties de la capitale économique. La sécurité urbaine devrait reposer sur les épaules des troupes formées à cette mission, à savoir la police et la gendarmerie. La proximité entre les anciens ennemis est un facteur de crise au quotidien : le camp de la brigade anti-émeute où sont stationnés une partie des FRCI se situe à quelques dizaines de mètres de la caserne de la gendarmerie.