Smockey : " Au Burkina, la contestation ne s'arrêtera pas."
Depuis la fin février, des manifestations se multiplient dans toutes - ou presque toutes - les villes du Burkina Faso, des plus petites à Ouagadougou, la capitale. Ce sont d'abord les jeunes qui sont descendus dans la rue mais ils y ont été rejoints par les magistrats et les commerçants. La répression a fait plusieurs morts. Des commissariats, des locaux du parti au pouvoir et des bâtiments administratifs ont été incendiés.
Artiste ambitieux et engagé, Smockey est la figure de proue du hip-hop burkinabé. En 2001, après des études en France, il a décidé de retourner au Burkina. Il a créé son propre studio d’enregistrement, les studios Abazon, et entrepris de donner une identité propre au rap burkinabè.
Activiste à la fibre révolutionnaire, véritable porte-parole de la contestation, Smockey n’hésite pas à prendre position et accompagne tous les mouvements de révoltes de son pays. Il a réalisé une compilation qui lutte pour la réouverture du dossier Norbert Zongo, journaliste assassiné par la junte en 1998. L’artiste organise régulièrement des débats pour sensibiliser le jeune public à l’importance de la citoyenneté et des libertés civiles. Son album Votez pour moi, sorti pendant les élections présidentielles de 2005, dénonçait les magouilles électorales et les fausses promesses.
Artiste ambitieux et engagé, Smockey est la figure de proue du hip-hop burkinabé. En 2001, après des études en France, il a décidé de retourner au Burkina. Il a créé son propre studio d’enregistrement, les studios Abazon, et entrepris de donner une identité propre au rap burkinabè.
Activiste à la fibre révolutionnaire, véritable porte-parole de la contestation, Smockey n’hésite pas à prendre position et accompagne tous les mouvements de révoltes de son pays. Il a réalisé une compilation qui lutte pour la réouverture du dossier Norbert Zongo, journaliste assassiné par la junte en 1998. L’artiste organise régulièrement des débats pour sensibiliser le jeune public à l’importance de la citoyenneté et des libertés civiles. Son album Votez pour moi, sorti pendant les élections présidentielles de 2005, dénonçait les magouilles électorales et les fausses promesses.
(Vidéo : Votez pour moi, filmée en 2005)
En 2008, il a soutenu les mouvements étudiants qui secouaient la capitale avec son album On est dans la rue et collaboré avec l’animateur de radio Sams’K le Jah sur un maxi intitulé A Balles Réelles, afin de dénoncer les bavures militaires qui ont eu lieu à l’université de Ouagadougou.
En 2008, il a soutenu les mouvements étudiants qui secouaient la capitale avec son album On est dans la rue et collaboré avec l’animateur de radio Sams’K le Jah sur un maxi intitulé A Balles Réelles, afin de dénoncer les bavures militaires qui ont eu lieu à l’université de Ouagadougou.
(Vidéo : On est dans la rue, filmée en 2008, avec Sams’K le Jah)
C’est donc naturellement que nous lui avons demandé de nous donner son éclairage sur la situation actuelle au Burkina.
Blaise Compaoré a dissout le gouvernement, et annoncé une série de réformes. Cela va t-il suffire à calmer la colère des magistrats, des jeunes et des commerçants ?
Smockey : Honnêtement, il en faudrait beaucoup plus pour réussir, après 24 ans de frustrations, à faire admettre le système actuel, marqué par la répression, les crimes économiques et de sang, et symbolisé par un seul homme et sa minorité de partisans: Blaise Compaoré.
Et ce plus, ce n'est pas autre chose que le départ pur et simple du président Compaoré ou tout le moins son engagement ferme à ne pas modifier l'article 37 (qui le limite à 2 mandats) et à ne pas ce représenter à l'issue de ce dernier mandat en cours (2015).
Qu'est ce qui a motivé cette colère ?
Smockey : Tout à démarré à Koudougou avec la mort du jeune élève Justin Zongo (certains ont dit: encore un Zongo!) qui a succombé aux sévices de policiers … et comme à son accoutumée le gouvernement s'est empressé de déclarer qu'il était mort de méningite. S'en sont suivies diverses manifestations et six autres victimes qui ont fini par convaincre toutes les couches sociales – et d'abord les étudiants – qu’il fallait réagir massivement. Les militaires n'ont fait qu'emprunter le train de la revendication qui était en marche, réclamant d'abord la libération de certains de leurs membres condamnés par la justice (d'où la réaction des magistrats) pour terminer plus tard sur des revendications d'ordre salarial (indemnités de nourriture, frais de mission, etc...).
Le problème c'est que, plus ils tiraient, plus ils saccageaient et plus ils trouvaient satisfaction à leurs revendications (à ce jour apparemment comblées), ce qui à toujours été refusé aux manifestants pacifiques de la société civile. Le message qu'on envoie c'est : utilisez la force et vous serez entendu! C'est pourquoi je pense que ça ne s'arrêtera pas, tôt ou tard ...
En tant que rappeur, et porte-parole d'une partie de la jeunesse, avez-vous senti ce mouvement arriver ?
Smockey : Après moult rencontres avec le mouvement estudiantin, les associations paysannes et citoyennes, les différents courants de réflexion et même parfois les militaires (certains sont sympathisants), je savais – et tout homme conscient savait – que ce n'était qu'une question de temps, surtout après la vague libératrice qui à secoué toute l'Afrique du nord.
Est ce que ce mouvement populaire est représenté dans votre œuvre et dans celui des artistes que vous produisez ?
Smockey : S'il n'était pas représenté, nous ne serions pas continuellement sollicités par les structures ou les membres qui les dirigent. Oui je pense qu'il est non seulement représenté mais qu'il en est surtout la principale motivation.
Propos recueillis par Augustin Bondoux & François Mauger
Et aussi sur le web :
- le Myspace de Smockey
C’est donc naturellement que nous lui avons demandé de nous donner son éclairage sur la situation actuelle au Burkina.
Blaise Compaoré a dissout le gouvernement, et annoncé une série de réformes. Cela va t-il suffire à calmer la colère des magistrats, des jeunes et des commerçants ?
Smockey : Honnêtement, il en faudrait beaucoup plus pour réussir, après 24 ans de frustrations, à faire admettre le système actuel, marqué par la répression, les crimes économiques et de sang, et symbolisé par un seul homme et sa minorité de partisans: Blaise Compaoré.
Et ce plus, ce n'est pas autre chose que le départ pur et simple du président Compaoré ou tout le moins son engagement ferme à ne pas modifier l'article 37 (qui le limite à 2 mandats) et à ne pas ce représenter à l'issue de ce dernier mandat en cours (2015).
Qu'est ce qui a motivé cette colère ?
Smockey : Tout à démarré à Koudougou avec la mort du jeune élève Justin Zongo (certains ont dit: encore un Zongo!) qui a succombé aux sévices de policiers … et comme à son accoutumée le gouvernement s'est empressé de déclarer qu'il était mort de méningite. S'en sont suivies diverses manifestations et six autres victimes qui ont fini par convaincre toutes les couches sociales – et d'abord les étudiants – qu’il fallait réagir massivement. Les militaires n'ont fait qu'emprunter le train de la revendication qui était en marche, réclamant d'abord la libération de certains de leurs membres condamnés par la justice (d'où la réaction des magistrats) pour terminer plus tard sur des revendications d'ordre salarial (indemnités de nourriture, frais de mission, etc...).
Le problème c'est que, plus ils tiraient, plus ils saccageaient et plus ils trouvaient satisfaction à leurs revendications (à ce jour apparemment comblées), ce qui à toujours été refusé aux manifestants pacifiques de la société civile. Le message qu'on envoie c'est : utilisez la force et vous serez entendu! C'est pourquoi je pense que ça ne s'arrêtera pas, tôt ou tard ...
En tant que rappeur, et porte-parole d'une partie de la jeunesse, avez-vous senti ce mouvement arriver ?
Smockey : Après moult rencontres avec le mouvement estudiantin, les associations paysannes et citoyennes, les différents courants de réflexion et même parfois les militaires (certains sont sympathisants), je savais – et tout homme conscient savait – que ce n'était qu'une question de temps, surtout après la vague libératrice qui à secoué toute l'Afrique du nord.
Est ce que ce mouvement populaire est représenté dans votre œuvre et dans celui des artistes que vous produisez ?
Smockey : S'il n'était pas représenté, nous ne serions pas continuellement sollicités par les structures ou les membres qui les dirigent. Oui je pense qu'il est non seulement représenté mais qu'il en est surtout la principale motivation.
Propos recueillis par Augustin Bondoux & François Mauger
Et aussi sur le web :
- le Myspace de Smockey