Burkina Faso : arrestation du DG de la douane, une prise à problèmes multiples
Voilà un problème dont on se serait bien passé en ce début d’année. L’arrestation du DG de la douane et qui plus est, dans ces conditions scabreuses, est de nature à réchauffer un certain mécontentement populaire avec des risques d’exploitation patents.
Il faut se rappeler qu’en 2008, en plus de scandales tels que l’affaire de Kossouka, portant sur un assassinat présumé, le DG des Douanes était lui-même impliqué dans une affaire qui était un exemple visible et audible d’exception judiciaire par le fait du prince. En effet, cette année-là, il était conduit à la Maco et immédiatement libéré dans un dossier de fausses déclarations présumées d’exonération douanière d’un montant estimé à 398 millions (« Le DG de la Douane échappe de justesse à la Maco », San Finna Numéro 446 du 14-20 Janvier 2008). Cette affaire avait fait grand bruit et l’opinion s’en était vivement émue, estimant qu’il n’avait eu droit à ce traitement de faveur qu’en raison de ses bras longs et de ses couvertures haut-placées.
Aujourd’hui, tout ce beau monde pourra, avec cette arrestation, trouver à réveiller des critiques avec cette circonstance qu’ils ne manqueront pas de souligner expliquant que si les premières infractions avaient été réprimées, on n’en serait pas là à présent avec cette colossale somme qui s’apprêtait, dit-on, à prendre les frontières.
Une réflexion en appelant une autre, on ne manquera pas de poser la nécessaire question de la remontée de cette chaine de responsabilité pénale. Travaillait-il es-nom ou es-qualité ? Le Burkina a trouvé de quoi alimenter encore les medias, les imaginations, les garrottes. Pourvu que l’appel d’air n’atteigne pas le macadam.
Devant pareille situation, on peut craindre que le pouvoir se réfugie dans sa technique habituelle : faire le mort, laisser le soin au temps de tuer la bête. Mais c’est oublier que cette stratégie a fait long feu et que ce que nombre de Burkinabè attendent aujourd’hui, c’est l’étincelle « providentielle » pour mettre le feu aux poudres.
Il faut espérer que la sagesse gagne en force et avec elle le souci de renouvellement des méthodes de gouvernance. Comme le disait le Chef de l’Etat lors de son discours de fin d’année, les « enjeux du professionnalisme et de l’éthique, de l’excellence et de l’intégrité, [sont des] vecteurs essentiels pour l’enracinement des bonnes pratiques et la mise en œuvre réussie des réformes institutionnelles ». Si tel était le cas, on pourrait compter sur un exemple qui installe la nouvelle année dans une perspective de changement réel. Il faudrait alors là, en privilégiant la voie judiciaire, permettre que l’on aille jusqu’au fond et au bout des procédures.
On peut aussi prospecter la voie politique et se convaincre que ce nouveau scandale apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui veulent une gouvernance plus ouverte, plus soumise à contrôle, et qui attendent que, dans le prolongement des réformes, cela soit une réalité au seuil de cette nouvelle année.
Que de problèmes, on le voit bien ! Sans compter le comportement que pourrait avoir Mr. Guiro. Va-t-il courageusement accepter de subir, seul, les foudres de la justice, ou va-t-il chercher à réactiver ses protections en jouant de chantage ?
Wait and see ….
Victory Toussaint.
San Finna
Photo : evenement-bf.net
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