hermann yaméogo, l'opposant le plus crédible et le mieux armé???
Le moins que l’on puisse dire à son sujet, c’est qu’il est un homme politique controversé. De par ses prises de position, ses actions, Me Hermann Yaméogo crée souvent la polémique au sein de l’opinion nationale. Pour certains, il est le meilleur homme politique de l’opposition burkinabè. Pour d’autres par contre « il est un traitre », « un apatride ».
Né le 27 août 1948 à Koudougou, marié et père de cinq enfants, Me Hermann Yaméogo est juriste de formation. L’homme traine sa bosse dans le landerneau de la politique nationale depuis des décennies. Des partis politiques, il en a créé. En effet, il est le géniteur de l’Alliance pour la démocratie et la fédération (ADF) et de l’Union nationale pour la démocratie et le Développement (UNDD). Par ailleurs, il fut secrétaire général de l’Union nationale pour la Défense de la démocratie (UNDD) version 1978 et secrétaire général du Mouvement des démocrates progressistes (M.D.P) de 1990 à 1998.
L’homme a été également le président de l’Alliance pour la Démocratie et la Féderation – Rassemblement démocratique africain ADF/RDA. Depuis 2006, il est élu Conseiller municipal au titre de l’UNDD-Nouvelle. Elu trois fois député à l’Assemblée nationale, l’homme a également été ministre dans trois gouvernements. Me Hermann Yaméogo, à travers l’entretien qu’il nous a accordé expose ses idées et ses convictions, pour une sortie de crise au Burkina Faso.
L’Hebdo du Burkina (HB) ? : Notre pays est actuellement secoué par une crise sociopolitique. Quelles en sont les raisons à votre avis ? ?
Me. Hermann YAMEOGO, président de L’UNDD : Les raisons sont multiples. Elles tiennent à des dysfonctionnements graves relevés aux plans institutionnel, politique, économique, militaire, social… A la vérité, nous vivons une crise de régime doublée d’une crise de société...(...)...
Comment jugez-vous les actions menées jusque-là par le nouveau gouvernement Tiao, pour sortir de la crise ? ?
Si l’on en juge par l’accueil plutôt froid et même courroucé par endroits, réservé à la formation de ce gouvernement, on doit reconnaître, qu’il y a eu assez vite des frémissements qui autorisent, à réviser quelque peu les préventions premières.
Cela va des mesures portant sur la suppression de la TDC, la réduction de l’IUTS, la suspension de la tarification des actes médicaux, le jugement du dossier Justin Zongo avant les vacances judiciaires tout comme les dossiers de détournement, la levée de la police universitaire…et j’en passe.
On relève aussi, même si elle est d’application difficile, la diminution du prix de certains produits et sur un autre plan, les rotations enfin pratiquées à la tête de certaines directions où les directeurs généraux avaient pris racine.
Il faut également noter ces réponses satisfaisantes apportées à la plate-forme minimale des enseignants, la suspension incroyable d’un maire (et pas n’importe lequel ? !) d’une des communes de Ouagadougou... La grande lessive opérée au niveau des Gouverneurs, où on reconnaît aux administrateurs civils, leurs lettres de noblesse.
Enfin, l’action musclée de Bobo-Dioulasso pour restaurer l’autorité de l’Etat est positivement accueillie par l’opinion. Cependant, le dernier cafouillage observé dans la gestion de la crise de la CENI ne dit rien qui vaille, et puis nous ne sommes qu’à l’entame d’un travail de longue haleine, et il faut savoir prudence garder.
34 partis de l’opposition politique avec à leur tête Me Sankara, ont demandé le départ du chef de l’Etat. Quels commentaires faites-vous de cette revendication qui apparemment n’a pas eu l’adhésion populaire escomptée ? ?
Plusieurs raisons expliquent l’échec de ce mouvement « ?Blaise, dégage ? !? » lancé par les 34 partis ? : l’impréparation, la non-association de la société civile, des syndicats qui, pour leur part n’auront pas manqué de s’en démarquer....
Il y a aussi cette méprise par rapport aux déterminants de la colère populaire vis-à-vis du pouvoir en place. Penser que les 34 partis seraient naturellement la catalyse de ce mécontentement, pour drainer des foules et gicler comme cela, comme à la parade, Blaise Compaoré du pouvoir, c’était oublier que même si le départ de ce dernier est entrevu comme un remède à tous les maux du Faso par certains, l’objet du mécontentement de nombre de Burkinabé pouvait aussi résider dans l’insatisfaction de certaines demandes sociales en termes de santé, d’éducation, de logement…, sans la volonté d’une sanction politique par le dégagement ici et maintenant du chef de l’Etat.
Il eût mieux valu, et nous l’avons dit, reculer la manifestation, pour mieux appréhender la situation et mieux l’organiser, si besoin s’en faisait sentir, après sereine analyse, en s’assurant que la mobilisation ne ferait pas défaut.
Mais, il faut dire que dans l’ambiance du moment, ils étaient nombreux parmi nos impétrants à Kossyam, à penser que le moment était venu et qu’il ne fallait surtout pas être le dernier à dire « Blaise, ?Dégage ? !? », à exiger qu’il précise sous serment devant le peuple, qu’il est sur le départ et que ses valises sont prêtes.
D’avoir mésestimé la situation, de n’avoir pas saisi tous les contours de la crise, est une erreur qui poursuit les « ?34 ? », mais qui porte aussi préjudice à toute l’Opposition, bien que certains partis comme le nôtre aient pris soin de s’en démarquer.
Un cadre consultatif sur les réformes que certains récusent présentement a été mis en place. Quelle est la position de l’UNDD ? ?
L’UNDD trouve superfétatoire et même maladroite l’insistance à accoler le mot consultatif au cadre proposé. En Tunisie, par exemple, on n’en a pas eu besoin ? : on a adopté la formule « ?commission nationale des réformes ? » et c’était bien vu. Nous relevons par ailleurs que la nature de la représentation au sein de cette structure ne rassure pas par rapport à l’équilibre des forces...(...)...
Quelles sont les propositions de réformes que vous comptez verser aux débats ? ?
Nos réformes à l’UNDD ne sont pas seulement limitées au cadre politique et institutionnel, ni à la démocratie ? : elles s’attachent aussi au social, à l’économie, à l’international… Nous souhaitons, sans renier les principes universels qui guident la démocratie, adapter le plus possible nos institutions et notre gouvernance, à nos réalités. Il n’est pas besoin de toujours tout calquer sur les démocraties dites avancées.
Nous voulons particulièrement lutter pour l’avènement d’un régime parlementaire, qui fasse plus grand cas de la soumission des pouvoirs au contrôle, qui propose une véritable régionalisation démocratique, un régime de réel partage des pouvoirs qui attaque à la base, le chômage des jeunes par le biais des fonds structurels, des travaux à haute intensité de main-d’œuvre encouragés dans le cadre d’une intégration régionale vraie.
Nous voulons, dans le cadre d’un régime plus préoccupé de transferts sociaux, une allocation mensuelle pour les familles les plus pauvres, même si l’expérimentation doit commencer dans le cadre d’une ou deux provinces avant généralisation éventuelle.
Depuis des années également, nous avons condamné l’ogémisation au Faso et nous entendons y revenir à l’occasion de ces échanges nationaux. Mais, il y a tellement de propositions qu’il serait fastidieux de s’y appesantir dans le cadre de cet entretien.
Quelle est la position de l’UNDD concernant une éventuelle révision de l’article 37 ?de la constitution ?
Notre position sur ce serpent de mer est connue depuis longtemps. Bien que reconnaissant que sur le plan légal, rien n’interdit la révision de l’article 37, nous sommes toujours mobilisés, pour des questions de morale constitutionnelle, pour qu’il n’en soit rien.
Mais de toutes les façons, cette antienne perd quelque peu d’intérêt à nos yeux depuis certaines prises de position d’officiels, notamment du ministre des Affaires étrangères Djibril Bassolet, au lendemain de la formation du gouvernement Luc Adolphe Tiao ? : « ?Rien ne sera imposé au peuple ?…Le président Compaoré n’a pas pour ambition de s’éterniser au pouvoir, il a pour ambition de préparer une alternance paisible… ?..(..)..
La meilleure formule ne serait-il pas de laisser le peuple souverain trancher définitivement sur la question ? ?
S’il ne tient qu’à l’UNDD, c’est le peuple souverain qui tranchera de tout, même des réformes qui seront débattues en commissions, consultatives ou non. C’est bien pour cela que nous demandons une Constituante. La proposition est perçue avec réserve au niveau du pouvoir et d’une certaine partie de l’opposition.
Blaise Compaoré, Me Sankara, Arba Diallo, Zéphirin Diabré, Me Gilbert Ouédraogo. Quels qualificatifs conviendraient le mieux pour chacun de ces hommes politiques ? ?
Je ne sens pas, comme on dit, votre question, et je n’ai pas l’habitude de répondre à ce genre d’interrogations, estimant que le peuple est le plus qualifié pour le faire.
Interview réalisé par Angelin DABIRE
L’Hebdomadaire du Burkina
Né le 27 août 1948 à Koudougou, marié et père de cinq enfants, Me Hermann Yaméogo est juriste de formation. L’homme traine sa bosse dans le landerneau de la politique nationale depuis des décennies. Des partis politiques, il en a créé. En effet, il est le géniteur de l’Alliance pour la démocratie et la fédération (ADF) et de l’Union nationale pour la démocratie et le Développement (UNDD). Par ailleurs, il fut secrétaire général de l’Union nationale pour la Défense de la démocratie (UNDD) version 1978 et secrétaire général du Mouvement des démocrates progressistes (M.D.P) de 1990 à 1998.
L’homme a été également le président de l’Alliance pour la Démocratie et la Féderation – Rassemblement démocratique africain ADF/RDA. Depuis 2006, il est élu Conseiller municipal au titre de l’UNDD-Nouvelle. Elu trois fois député à l’Assemblée nationale, l’homme a également été ministre dans trois gouvernements. Me Hermann Yaméogo, à travers l’entretien qu’il nous a accordé expose ses idées et ses convictions, pour une sortie de crise au Burkina Faso.
L’Hebdo du Burkina (HB) ? : Notre pays est actuellement secoué par une crise sociopolitique. Quelles en sont les raisons à votre avis ? ?
Me. Hermann YAMEOGO, président de L’UNDD : Les raisons sont multiples. Elles tiennent à des dysfonctionnements graves relevés aux plans institutionnel, politique, économique, militaire, social… A la vérité, nous vivons une crise de régime doublée d’une crise de société...(...)...
Comment jugez-vous les actions menées jusque-là par le nouveau gouvernement Tiao, pour sortir de la crise ? ?
Si l’on en juge par l’accueil plutôt froid et même courroucé par endroits, réservé à la formation de ce gouvernement, on doit reconnaître, qu’il y a eu assez vite des frémissements qui autorisent, à réviser quelque peu les préventions premières.
Cela va des mesures portant sur la suppression de la TDC, la réduction de l’IUTS, la suspension de la tarification des actes médicaux, le jugement du dossier Justin Zongo avant les vacances judiciaires tout comme les dossiers de détournement, la levée de la police universitaire…et j’en passe.
On relève aussi, même si elle est d’application difficile, la diminution du prix de certains produits et sur un autre plan, les rotations enfin pratiquées à la tête de certaines directions où les directeurs généraux avaient pris racine.
Il faut également noter ces réponses satisfaisantes apportées à la plate-forme minimale des enseignants, la suspension incroyable d’un maire (et pas n’importe lequel ? !) d’une des communes de Ouagadougou... La grande lessive opérée au niveau des Gouverneurs, où on reconnaît aux administrateurs civils, leurs lettres de noblesse.
Enfin, l’action musclée de Bobo-Dioulasso pour restaurer l’autorité de l’Etat est positivement accueillie par l’opinion. Cependant, le dernier cafouillage observé dans la gestion de la crise de la CENI ne dit rien qui vaille, et puis nous ne sommes qu’à l’entame d’un travail de longue haleine, et il faut savoir prudence garder.
34 partis de l’opposition politique avec à leur tête Me Sankara, ont demandé le départ du chef de l’Etat. Quels commentaires faites-vous de cette revendication qui apparemment n’a pas eu l’adhésion populaire escomptée ? ?
Plusieurs raisons expliquent l’échec de ce mouvement « ?Blaise, dégage ? !? » lancé par les 34 partis ? : l’impréparation, la non-association de la société civile, des syndicats qui, pour leur part n’auront pas manqué de s’en démarquer....
Il y a aussi cette méprise par rapport aux déterminants de la colère populaire vis-à-vis du pouvoir en place. Penser que les 34 partis seraient naturellement la catalyse de ce mécontentement, pour drainer des foules et gicler comme cela, comme à la parade, Blaise Compaoré du pouvoir, c’était oublier que même si le départ de ce dernier est entrevu comme un remède à tous les maux du Faso par certains, l’objet du mécontentement de nombre de Burkinabé pouvait aussi résider dans l’insatisfaction de certaines demandes sociales en termes de santé, d’éducation, de logement…, sans la volonté d’une sanction politique par le dégagement ici et maintenant du chef de l’Etat.
Il eût mieux valu, et nous l’avons dit, reculer la manifestation, pour mieux appréhender la situation et mieux l’organiser, si besoin s’en faisait sentir, après sereine analyse, en s’assurant que la mobilisation ne ferait pas défaut.
Mais, il faut dire que dans l’ambiance du moment, ils étaient nombreux parmi nos impétrants à Kossyam, à penser que le moment était venu et qu’il ne fallait surtout pas être le dernier à dire « Blaise, ?Dégage ? !? », à exiger qu’il précise sous serment devant le peuple, qu’il est sur le départ et que ses valises sont prêtes.
D’avoir mésestimé la situation, de n’avoir pas saisi tous les contours de la crise, est une erreur qui poursuit les « ?34 ? », mais qui porte aussi préjudice à toute l’Opposition, bien que certains partis comme le nôtre aient pris soin de s’en démarquer.
Un cadre consultatif sur les réformes que certains récusent présentement a été mis en place. Quelle est la position de l’UNDD ? ?
L’UNDD trouve superfétatoire et même maladroite l’insistance à accoler le mot consultatif au cadre proposé. En Tunisie, par exemple, on n’en a pas eu besoin ? : on a adopté la formule « ?commission nationale des réformes ? » et c’était bien vu. Nous relevons par ailleurs que la nature de la représentation au sein de cette structure ne rassure pas par rapport à l’équilibre des forces...(...)...
Quelles sont les propositions de réformes que vous comptez verser aux débats ? ?
Nos réformes à l’UNDD ne sont pas seulement limitées au cadre politique et institutionnel, ni à la démocratie ? : elles s’attachent aussi au social, à l’économie, à l’international… Nous souhaitons, sans renier les principes universels qui guident la démocratie, adapter le plus possible nos institutions et notre gouvernance, à nos réalités. Il n’est pas besoin de toujours tout calquer sur les démocraties dites avancées.
Nous voulons particulièrement lutter pour l’avènement d’un régime parlementaire, qui fasse plus grand cas de la soumission des pouvoirs au contrôle, qui propose une véritable régionalisation démocratique, un régime de réel partage des pouvoirs qui attaque à la base, le chômage des jeunes par le biais des fonds structurels, des travaux à haute intensité de main-d’œuvre encouragés dans le cadre d’une intégration régionale vraie.
Nous voulons, dans le cadre d’un régime plus préoccupé de transferts sociaux, une allocation mensuelle pour les familles les plus pauvres, même si l’expérimentation doit commencer dans le cadre d’une ou deux provinces avant généralisation éventuelle.
Depuis des années également, nous avons condamné l’ogémisation au Faso et nous entendons y revenir à l’occasion de ces échanges nationaux. Mais, il y a tellement de propositions qu’il serait fastidieux de s’y appesantir dans le cadre de cet entretien.
Quelle est la position de l’UNDD concernant une éventuelle révision de l’article 37 ?de la constitution ?
Notre position sur ce serpent de mer est connue depuis longtemps. Bien que reconnaissant que sur le plan légal, rien n’interdit la révision de l’article 37, nous sommes toujours mobilisés, pour des questions de morale constitutionnelle, pour qu’il n’en soit rien.
Mais de toutes les façons, cette antienne perd quelque peu d’intérêt à nos yeux depuis certaines prises de position d’officiels, notamment du ministre des Affaires étrangères Djibril Bassolet, au lendemain de la formation du gouvernement Luc Adolphe Tiao ? : « ?Rien ne sera imposé au peuple ?…Le président Compaoré n’a pas pour ambition de s’éterniser au pouvoir, il a pour ambition de préparer une alternance paisible… ?..(..)..
La meilleure formule ne serait-il pas de laisser le peuple souverain trancher définitivement sur la question ? ?
S’il ne tient qu’à l’UNDD, c’est le peuple souverain qui tranchera de tout, même des réformes qui seront débattues en commissions, consultatives ou non. C’est bien pour cela que nous demandons une Constituante. La proposition est perçue avec réserve au niveau du pouvoir et d’une certaine partie de l’opposition.
Blaise Compaoré, Me Sankara, Arba Diallo, Zéphirin Diabré, Me Gilbert Ouédraogo. Quels qualificatifs conviendraient le mieux pour chacun de ces hommes politiques ? ?
Je ne sens pas, comme on dit, votre question, et je n’ai pas l’habitude de répondre à ce genre d’interrogations, estimant que le peuple est le plus qualifié pour le faire.
Interview réalisé par Angelin DABIRE
L’Hebdomadaire du Burkina